Décembre

Le 2 décembre 1997.
Ma douce,
Ton festin végétarien me fait bien envie, et la bouteille qui se détache dans le fond ne serait pas boudée. [...]
Hâte de te retrouver pour ta dernière visite parisienne. J’espère que le voyage ne te fatiguera pas trop.
Etre sûr l’un de l’autre, déterminés à se donner le meilleur, respecter les engagements fondamentaux de chacun, et évoluer pour toujours plus d’harmonie, voilà les objectifs qui me motivent.
As-tu l’envie fondamentale de grandir, de choisir ce qu’il y a de mieux pour l’homme que tu aimes. Suis-je celui que tu attendais ?
Je t’attends avec impatience. Tendrement.
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Le 3 décembre 1997.
Ma câline Sandre,
Tu me gâtes avec tes grandes cartes ma bien-aimée. Des couleurs à croquer et des mots à susurrer.
J’essaie de m’atteler à tes trois lettres demain matin pour te les remettre ce week-end.

Enfin Le Laonnois féodal est paru, cinq gros volumes qui en imposent.
Au journal télévisé, les méfaits de la neige impressionnent. J’espère que tout va se calmer avant ton arrivée.
Tu me touches par ton amour ma Sandre, et je crois que nous pouvons vraiment progresser ensemble si nous acceptons les singularités individuelles. Pourquoi se ferait-on du mal, alors que l’on peut tant s’apaiser et s’adorer ? Peut-être qu’un jour des relations plus élargies se rétabliront.
Dans l’espoir de faire grandir notre lien. Tendrement tiens.
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Le 8 décembre 1997.
Ma Sandre,
Adorable tu as été malgré la fatigue occasionnée par ton voyage. La brièveté de ton séjour sera compensée par mon installation matérielle dans ton nid.
J’attends la fin d’année avec une grande impatience et crois bien que, cette fois, il n’y aura aucune dérive de ma part, comme lors du premier repas. Nous serons tendrement réunis pour le meilleur.
Amis et famille de sang, je n’ai que des compliments sur toi. J’ai apprécié que tu sois si vite passée sur mes mufleries récentes. Je file au charbon et je t’espère pour très bientôt.
J’écris comme un cochon, mais je t’embrasse comme un coquin.
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Le 9 décembre 1997.
Ma Sandre chérie,
Si tu le souhaites, nous pourrons décorer ton intérieur ensemble lors de ma prochaine venue. Comment vas-tu passer ton Noël ?
Ma présence plus fréquente va me redonner du ressort. Je me sens un peu mou actuellement, notamment pour mon travail universitaire. Une fois mes marques prises, j’espère repartir de plus belle pour la recherche et l’écriture.
Ma mélancolie tient certainement au manque de ta compagnie. [...]
Aimerais-tu que ces courriers, sans abandonner l’amour et les gentillesses, deviennent un moyen de commenter l’actualité (tiens, au moment où j’écris, un
reportage sur TF1- 13h, sur la fête des lumières à Lyon), de te faire partager mes découvertes culturelles ? Cet exercice variera la teneur de ma correspondance et nous permettra de rebondir sur de multiples sujets.
A la poésie de notre amour. Chaudement tiens.
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Le 11 décembre 1997.
Ma Sandre,
Je voudrais dépassionner notre débat et réaffectiver notre rapport. Tes interrogations et tes inquiétudes sont bien évidemment légitimes. Je ne veux pas que tu renonces à me questionner. Je souhaiterais simplement, même si les questions à aborder sont difficiles, que tu ne mettes pas de côté notre complicité affective. La même chose dite sur le fond dans une douce dualité permettrait peut-être à nos conversations d’évoluer.
Tous mes actes et mes paroles vont dans le sens de la sauvegarde et de la pérennisation de notre amour ; j’ai malgré tout la sensation que tu m’en veux de plein de choses (le parano se réveille, hé hé !).
Vrai probablement que je manque de maturité, mais n’aurait-ce pas été crétin de ma part d’envoyer tout valdinguer ? Je ne veux pas concilier ce qui ne l’est pas, mais poursuivre en parallèle mes choix.
Je tiens à toi, sinon je n’aurais pas affronté cette situation. Ne renie certes pas tes inquiétudes, mais accorde-moi un minimum de confiance.
Je t’embrasse très fort, avec amour.
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Le 12 décembre 1997.
Ma douce complice,
Tu auras cette lettre bien après ta première garde chez les fous. J’espère qu’elle n’aura pas été trop éprouvante. Je t’ai retrouvée telle que je t’aime, ma perverse préférée !
En découvrant la vie des sœurs monastiques, je songeais au partage à deux d’une vie autarcique dans une beauté de couleurs et une sérénité d’atmosphère, et l’amour physique et cérébral pour combler le tout.
Le terroriste Carlos, qui fit péter quelques bombes en France, a interdit à ses avocats de s’exprimer : il se défendra lui-même, avec un plaisir non dissimulé. Type de personnage qui fascine et effraie à la fois.
Ma tendre, voilà ma liste des produits de toilette : [...]
Et toi pour t’embrasser... A très vite.
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Le 16 décembre 1997.
Ma Sandre,
La truffe de bourgogne que l’on va dénicher dans les bois sous le feuillage et la terre humide : on flirte avec Noël. Un cuisinier passionné sert même un sorbet de poire à la truffe... cette association te fait-elle saliver ?
Le houx ma Sandre, qui résiste au gel et supporte la pollution des villes, viendra décorer notre union de fin d’année. Heu, je dérive peut-être. La hâte de te retrouver sans doute.
On connaît les santonniers de Provence, mais moins ceux de Bretagne. Une femme artisan s’inspire des traditions ancestrales pour créer des figurines (plâtre et résine) de huit centimètres de haut qui seront peintes en couleurs. Les costumes bretons prennent vie : cinq mille personnages sont vendus chaque année. Très touchante plongée dans le passé.
Quelques sujets dépaysants pour toi ma douce.
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Le 17 décembre 1997.
Sandre ma bien-aimée,
Tu as touché juste : ton couple d’anges est une de mes cartes préférées parmi les ô combien nombreuses que tu m’as envoyées.
Ma Sandre, pourrais-tu m’éclairer sur ce que comprend pour toi : ma maturité, la confiance que tu as en moi et croire en moi ?
J’espère bien sûr parvenir à effectuer ce que j’ai entrepris. Mon passé est lourd, mais il ne me détournera pas de l’envie de construire avec toi.
Le paysage a revêtu ses parures de Noël, et les glissades involontaires s’annoncent dangereuses.
Nous partagerons de très agréables instants pour cette fin d’année ma Sandre. Chaque réunion doit être l’occasion de renforcer notre complicité et l’impossi­bilité de se passer l’un de l’autre.
Ma grand-mère était ravie de la photo de nous que je lui ai envoyée.
Après-demain, je te serrerai contre moi. Des pensées d’amour pour toi.
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Pour le 31 décembre 1997.

Autour de minuit, ma Sandre, nous voilà réunis ;

Merveilles culinaires, délice de nos complicités :
Aspirons au meilleur de nos possibles pour notre vie.

Frôlements amoureux pour notre limpidité,
Ici et toujours j’espère une union qui resplendisse.
A cette année quatre-vingt dix-huit, ma tendre,
Née pour un épanouissement qui nous garantisse
Chaque instant de douceur pour mieux nous défendre.
Étreinte symbolique par ce présent modeste,
Entourant sans retenue ma Sandre céleste.

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