Février

Ton Ange,
Entre les rails et le ciel.
Le 4 février 1997.
Ma douce et tendre Sandre,
Vrai que ce week-end a passé comme une éphémère luminescence. Nous nous entendons à merveille ma Sandre, voilà qui ne peut que faire perdurer nos liens d’accroche.
En sommeillant dans le Tchou-Tchou, une question et une décision ont germé.
La question : dans quoi et où conserves-tu mes courriers ?
Ma décision : à mon prochain passage dans la Big Lutèce, je rapporte quelques gros classeurs pour protéger notre correspondance. Je mettrai toutes tes cartes dans des chemises transparentes, ouvertes, et le tout dans des classeurs. Pas une décision à faire trembler le monde, bien sûr, mais un moyen de prendre soin d’un élément précieux de notre amour.
Voilà ma petite note constructive avant de poser pied à Laon.
A nous ! ma Sandre. Tous mes baisers.
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Toujours moi ! Eh oui !!!
Sur les rails.
Le 6 février 1997.
Mon aimante aimée,
Me voilà en cours d’un voyage éclair à Paris pour effectuer une assignation en référé heure par heure envers la SNVB, au TGI. Une première juridique pour moi que cette urgence absolue de l’heure par heure qui permet de se dispenser d’avocat devant cette juridiction.
Notre entretien d’hier soir fut très enrichissant pour moi, et je te remercie de ta volonté de m’en dire le maximum. J’espère que nous poursuivrons ces dialogues révélateurs qui déboucheront vers une bénéfique évolution.
Je viens de recevoir, juste avant de partir, ton courrier posté avec une enveloppe de la clinique le 31 janvier.
Quelle douceur à l’âme pour moi de sentir ton désir de me rejoindre. Crois-tu qu’il me faudra attendre cette quotidienneté partagée pour découvrir, sur tous les plans, ta nature profonde ?
Nous irons juste voir mon pater, et pas mes parents ma Sandre... sauf si je peux organiser un repas avec ma mère et son mari le samedi... et si tu acceptes.
Cela faisait longtemps que je n’avais pas vécu une Saint-Valentin en étant amoureux... Le hasard du calendrier et du rythme de nos entrevues va merveilleusement aboutir à notre réunion ce jour-là.
Nous irons au Louvre ma Sandre, selon tes voeux, et si nous en trouvons le temps.
Pour l’île de Ré, cela ne dépend pas de moi, mais de l’invitation de Madeleine ou des Gilbert... J’essaierais d’aborder le sujet avec Madeleine lorsque nous nous verrons en avril à l’occasion de la manifestation Lire à Limoges.
[...] La semaine pointe sa fin, et ta venue se rapproche.
Je te souffle du bien ma Sandre, garni de chauds baisers.
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Le 7 février 1997.
Ma Sandre,
Enfin reçu ton courrier du 29/01 (posté le lendemain). Curieuse distribution. Tu dois parfois t’étonner que je te parle de courriers plus récents et pas d’autres. J’espère avoir tout eu. [...]
[J’aimerais voir cette BN dont tu me parles si souvent.]
Un samedi, où tu seras à Paris, je te ferai avoir un laissez-passer pour une journée, et je t’emmènerai dans l’antre monumental de la BN.
[Je te rêve comme tu es de façon ponctuelle aimant, doux, audacieux, compréhensif et tendre.]
Hé bien, quel portrait de moi ! J’espère être à la hauteur.
[Et toi qu’attends-tu de moi ?]
Ta gentillesse, ta pétillance, ta coquinerie, ta féminité, tes sentiments pour moi. Telle que tu es quand je te retrouve, et en progression.
De sulfureuses étreintes.
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Le 10 février 1997.
Ma Sandre,
Je t’ai donc joins l’analyse de sang de Heïm. Peux-tu me donner ton avis sur l’intoxication éventuelle par le glucophage (je n’ai plus le nom du médicament en tête) cité qui créerait des hépatites chroniques. L’absorption d’alcool n’a jamais été en soi pour Heïm un facteur d’augmentation, à ce point, des gammas GT.
A voir également les chiffres précédés d’une ou plusieurs étoiles : glycémie, cholestérol, facteur de risque, triglycérides, transaminase TGP.
Reçu ce matin le dernier roman de Madeleine Chapsal, Les Amoureux, avec une dédicace de circonstance : « A Loïc et Sandre, Les Amoureux-en-Ré. Avec amitiés. » Gentil de sa part. Si tu souhaites lui adresser un petit mot (notamment en faisant allusion au merveilleux souvenir que te laisse l’île de nos premières vacances) je te laisse son adresse à Saintes : [...]. De mon côté, je lui enverrai notre catalogue général avec un petit mot.
Cette semaine va encore passer comme un flash sur le plan professionnel. L’action juridique s’intensifie : ce midi, déjeuner avec Aline L., mon amie de lycée aujourd’hui avocate dans le droit des affaires ; jeudi, audience au TGI de Paris pour le référé d’heure à heure. Et tout un travail de fond à préparer.
Je commence demain mes cours avec Marc D. Il faut que je me dégourdisse le cortex pour avancer dans la rédaction de ma synthèse. J’y retourne de ce pas, après t’avoir tendrement embrassé de toute ma bouche gourmande, prête à fouiller tes plus humides antres (hé hé, ça chauffe !!!).
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Le 14 février 1997.
Pour cette Saint-Valentin avec toi, je te témoigne mes plus profonds sentiments.
A l’ancrage de notre union.
Tendres pensées.
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Le 18 février 1997.
Ma Sandre à retrouver,
Reçu seulement ce matin ta carte Pluie de coquelicots postée le 13/02.
Notre penchant à nous dire tout dès que quelque chose dysfonctionne garantit la pérennité de notre rapport.
Tes sanglots sur mon poitrail à l’instant du départ m’ont ému au tréfonds. Ta nature hypersensible doit être ma chasse gardée. Poursuis ta détermination dans la froideur pour l’alentours et accorde-moi la nudité de tes penchants. Confie-toi à moi, comme te le commande l’urgence de situations délicates.
Toute mon attentive douceur.
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Le 20 février 1997.
Ma Sandre,
Quelle magnifique carte tu m’as envoyée extrait délicatement choisi d’une œuvre du Louvre que l’on doit toujours aller finir de visiter.
Une de nos anciennes employées, licenciée pour faute lourde, nous met aux prud’hommes, audience fixée au 4 mars. Encore du pain juridique sur la planche.
Je souhaitais, depuis la belle salle des périodiques de la BN, t’embrasser bien fort.
Un peu court, mais je dois filer à la SNVB, rue d’Aguesseau retrouver Vanessa pour notre rendez-vous.
Tendrement.
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Le 25 février 1997.
Ma Sandre,
Après un passage rue Mouffetard devant une carterie, je n’ai pu résister à t’expédier cette poudreuse de Monet. Notre improbable réunion sur l’or blanc et l’état de ton moral n’égayent pas le climat flotteux de ces jours derniers.
Ô combien il serait dramatique de tout gâcher si près du but. Ton message laisse supposer que tes sentiments ne pourraient surmonter ton retranchement forcé. Tente de dépasser cette morosité afin de ne pas céder au gâchis.
Avec mon plus profond attachement.
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Le 26 février 1997.
Ma tendre et bénéfique,
Gâté ce matin : ta carte aux anges volant au-dessus de tes adorables attentions épistolaires, plus une carte où la petite fille au chapeau devant l’immensité océane aurait pu être toi dans ta première décennie.
[Quand tu poses ta main dans la mienne, je ressens parfois un trouble profond qui me laisse muette.]
Je ne savais pas que ma pogne avait ce pouvoir là. Je ferais de mon mieux pour en user à bon escient.
Tous ces mots doux me touchent infiniment ma Sandre. A nous de vivre nos instants le plus intensément possible.
L’avenir s’annonce magnifique avec une femme comme toi.
Préserve ta féminité ma douce.
A t’embrasser.
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