Mars/Avril

Le 1er mars 1997.
Ma dulcinée à croquer,
Me voilà retournant dans ma contrée, toi bientôt sur les monts poudrés de la blanche... et d’la bonne tudieu ! L’étreinte sur la poudreuse, ça ne sera pas pour cette fois-ci.
Moi qui suis baigné par le pamphlet contemporain, j’ai hier plongé dans le XVIIe siècle, au temps des libelles. Curieux que M. Christian J., directeur de recherches au CNRS (secteur Centre de Recherches historiques), auteur de l’exposé A propos de la violence polémique, ne connaisse pas les diverses origines étymologiques du substantif pamphlet. J’ai en tout cas moi appris beaucoup de choses par ce cours.
Profite à fond de ton séjour, ne néglige pas de te reposer et ramène-moi une belle mine. J’aurais bien fait quelques tentatives d’approche des monts de ma Lyonnaise.
A nous retrouver. Je t’embrasse câlinement.
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Laon, le 3 mars 1997.
Ma fine en doudoune,
J’ai appelé hier soir ma grand-mère pour lui souhaiter une bonne fête. Elle était heureuse de l’ouvrage La Touraine meurtrie et libérée que je lui avais envoyé.
J’ai retrouvé la cassette de l’émission que j’avais enregistrée à 17 ans, après la parution de mon recueil poétique, à la radio RGB (radio libre parisienne). Je te la ferai écouter, si tu le souhaites, à notre réunion prochaine.
La station de Val-Thorens est-elle à la hauteur de tes espérances ? N’y a-t-il pas trop de monde ?
J’espère que ton moral est en voie de reconstitution. L’oxygénation t’enivre-t-elle ?
Désolé pour mes états de morosité, ce rendez-vous manqué m’a quelque peu (euphémisme...) perturbé. Se joindre dans la blancheur, quelle meilleure couche pour un ange et une Sandre coquins.
Au risque de tout faire fondre, mes baisers les plus embrasés.
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Le 4 mars 1997.
Mon attendue,
A ta voix je présume que ton séjour se passe bien. Mon organisme semble, allié à tes conseils ma douce, avoir bien réagi : plus de douleur, aucune enflure de la mâchoire. Je fais seulement attention de ne pas traumatiser les gencives par des aliments trop durs.
Monet en bleu et vert pour toi ma Sandre aimée.
A te retrouver dans ton nid.
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Le 11 mars 1997.
Ma Sandre aimée,
Un rayon de soleil sur l’oreille gauche, en route pour Lutèce la polluée (niveau 2 d’alerte dépassé), je délaisse un instant ma plongée chez les pamphlétaires, mon apnée dans les comptes, pour te rejoindre par la tendre pensée.
Ta douceur, ta gentillesse, ta féminité et ta coquinerie de ce week-end m’assurent dans mon choix. Quels bons moments nous avons partagés, depuis nos enchevêtrements sulfureux jusqu'à notre enivrante promenade dans le monde des oiseaux. Les temps ne sont pas très simples ma Sandre, mais restons liés quoi qu’il arrive. Ton naturel en voie d’épanouissement me fait un bien précieux.
Notre Président, quoique brillant, n’a pas réussi à inverser le scepticisme sur sa politique, et encore moins à provoquer l’électrochoc salutaire.
Je néglige la rédaction de mon Journal. Plus de chronique sur l’actualité, les tendances sociales et politiques. Blasement et manque de temps ont eu raison de ce carnet de vie. Une renaissance prochaine peut-être.
Soleil et brouillard... un remake sur la plaine du célèbre documentaire sur les camps nazis...
Je t’enlace irrésistiblement.
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Le 13 mars 1997.
Mon inappréciable Sandre,
Auras-tu d’abord la truculence de mes phrases ou la fougue de mon corps poilu ? Vaste question spatio-temporelle.
Bientôt de nouveaux instants à faire fructifier ensemble. Comment se détacher à coup sûr de toute tentation léthargique si ce n’est en cultivant nos qualités et notre volonté constructive.
Ta carte « La dame au chapeau » me comble dans son contenu. Si je peux faire germer en toi une sérénité passionnée dans l’avenir, ce sera l’idéal.
[...]
A tout de suite, pour des bisous.
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[Ypsiphile écrivant à Jason.]
Le 17 mars 1997.
Cette enluminure moyenâgeuse pour toi ma Sandre. Je mange ce soir chez mon pater.
Quels doux moments passés ensemble, mais filant à grande vitesse. J’espère que ton moral ne va pas trop baisser avec ta flopée de soucis.
Je pars dès mercredi avec Karl pour nous faire payer nos créances.
Au plaisir de nous retrouver et courage... Bisous...
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Le 25 mars 1997.
Ma tendre Sandre,
Ces teintes bleutées sur l’air enivrant de notre histoire. Nos pensées déjà unies, nos corps vont bientôt se retrouver.
Mauvaise nouvelle pour moi, avancement de la date de remise du mémoire : 15 mai pour la première session. Le mois d’avril s’annonce tout en sueur.
A boire la tienne, Sandre d’amour.
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[Le Mont-Saint-Michel.]
Le 1er avril 1997.
Ma Sandre adorée,
Je ne te ferai point de gros poisson pour ce jour marin... Le souvenir de notre symbiose renouvelée reste en moi comme un écho précieux.
Vu Heïm à l’hôpital du Val-de-Grâce en cette fin d’après-midi. Ça se passe correctement.
Ce mont flottant en hommage aux deux petits tiens (heu, pas très français).
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Le 2 avril 1997.
A ma Sainte Sandre,
De gros bisous, de légères caresses, d’attentifs effleurements, d’imperceptibles rapprochements, d’enfiévrés festins pour toi ma Sandre.
Ta coquinerie m’enchante, ta complicité me comble. Gardons-nous et jouissons en cœur des instants partagés.
Bonne fête ma Sandre.
Une vie à construire... en harmonie joyeuse.
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Le 4 avril 1997.
Ma Sandre à dorloter,
Le calme d’une eau paisible pour accueillir nos effusions.
Depuis mon nid parisien, et avant de retrouver la docte Sorbonne, je songe au bien-être qui gouverne notre union. Que de choses on peut envisager quand règne l’harmonie : depuis le sérieux de la construction d’une vie duale jusqu’aux plus inavouables coquineries.
A toi, ma Sandre chérie.
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Le 7 avril 1997.
Ma future,
Retour à la page blanche pour débuter cette semaine, et avant une nouvelle réunion attendue.
J’espère que le choix médical que tu as fait pour la patiente trépassée n’aura pas porté préjudice à la fin de ton stage.
Comment ressens-tu notre complicité ma Sandre, n’est-ce pas un bon présage de vie réunie que notre entente grandissante ? Sens-tu une progression dans ton abandon sensuel et dans ta gourmandise charnelle ?
Quelques petites questions chargées d’amour...
Etreintes enfiévrées avec toi.
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Le 17 avril 1997.
Ma Sandre,
Je profite de ces quelques instants de pause pour t’envoyer de tendres pensées. Ton mental est plutôt sombre ces temps-ci et j’espère que nous trouverons les moyens de te faire pétiller. Ne te reproche rien pour notre dernier week-end : tu as été parfaite et adorable d’attentions.
Notre entente, même dans ces instants d’extrême fatigue pour toi, n’a pas été altérée d’un chouïa, et notre rapport intime évolue délicieusement.
Le projet de fiançailles n’est en rien remis en cause, même si sa date n’est pas arrêtée.
Je t’embrasse et t’enlace.
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Le 22 avril 1997.
Ma Sandre,
Serait-ce un peu de ton bleu égaré sur cette demoiselle coquine ?
L’occasion pour moi de caresser le papelard parcheminé à défaut de tes courbes nacrées.
Voilà à nouveau, et enfin, un nouveau week-end à partager dans la douceur apaisante et la délectation galvanisante.
A nos découvertes partagées. Mes plus chauds rapprochements de toi ma belle fiancée.
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Le 29 avril 1997.
Ma Sandre,
Cette morosité qui m’envahit tient, je crois, à l’impossibilité de maîtriser nos incompréhensions. Pourquoi ta douceur est-elle débordante à plusieurs centaines de kilomètres de moi, puis, tout proche, la réserve prime avant que pointe l’agressivité ?
J’espère que nous trouverons la voie, sinon que donnerait une quotidienneté ?
Quant à ma propre constitution, elle ne favorise rien. Deux tombeaux à la dérive : voilà ce qu’il faut que l’on évite.
Je t’embrasse.
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